Si Jacques Chirac avait eu entre les mains le dernier sondage annuel
du service de presse des armées (Sirpa) sur «les Français et la défense nationale», il aurait probablement maintenu sa décision acquise dans son esprit depuis longtemps de reprendre les essais nucléaires, mais il aurait peut-être tenté de la vendre un peu mieux à ses compatriotes. Selon cette enquête menée du 21 au 23 juin par la Sofres auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, une semaine après l'annonce faite par Jacques Chirac de reprendre les tests jusqu'à la fin 1996, la majorité des Français (59%) se montrent opposés à la reprise des essais, tandis que 31% seulement s'y déclarent favorables. Certes, comme le souligne ce baromètre annuel, par rapport à l'an dernier, où la reprise des essais n'était pas d'actualité, les partisans ont progressé de près de 10 points (22 à 31%), mais a contrario les opposants n'ont reculé que de 4 points (63 à 59%).
Ce sondage aurait surtout permis au président de la République de «cibler» mieux sa communication. La population la plus hostile aux essais y est en effet clairement identifiée. 61% des femmes, 65% des jeunes (moins de 35 ans) et 70% des intellectuels éprouvent en effet le sentiment que la poursuite des essais n'est pas indispensable au maintien des forces nucléaires. «C'est vrai que nous avons à refaire un effort d'explication et de pédagogie sur la dissuasion, notamment auprès des jeunes et des femmes. Comme on ne communiquait plus sur le sujet depuis un