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Libération
Portrait

«Il vivait de petits business» Depuis son arrivée en Suède, Deneche voyageait et militait.

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par François Camé et Erika JACOBS
publié le 26 août 1995 à 7h12

Stockholm, envoyé spécial

C'est, dit l'une de ses connaissances, «un coureur de chances». L'expression, ici, évoque une absence de sérieux dans un pays austère; un homme trop parleur, trop hâbleur, trop joueur. Abdelkrim Deneche, dit un autre, brassait trop d'air pour être honnête, mais «se vantait trop pour être un meurtrier». A moins que...

En terre scandinave, un vrai professionnel, terroriste ou plombier, ne saurait être que taciturne et discret. Deneche, ou plutôt Youssef, comme on l'appelait ici, n'était rien de tout cela.

Né le 12 décembre 1955 à Constantine ­c'est du moins ce qui figure sur ses papiers suédois­ il aurait fait des études en Allemagne. Serait retourné en Algérie. En 1987, épouse une Algérienne. Au printemps 1989, s'engage pour participer à la guerre sainte des moudjahidin afghans. Via Peschawar, Pakistan. S'affiche là-bas comme militant humanitaire du Secours islamiste. Sa femme l'accompagne, comme aide-soignante. A-t-il réellement combattu à Kaboul? «Il ne cessait de le crier sur les toits», indique un Algérien de Stockholm. «Mais il se vantait tellement»...

«Petit, gros. Une barbe courte et soignée», dit une de ses connaissances. Pas sérieux. «Un jour, se rappelle un agent de sécurité algérien, il m'avait emprunté de l'argent, quelque 2.000 couronnes (1.560 francs, ndlr). Il me les a rendues en temps et en heure. Mais, peu après, il m'a redemandé de l'argent, 4.000 couronnes. Et, cette fois-ci, il ne m'a rien rendu.» Il a fallu le chercher partout pour