Papeete, envoyée spéciale
Des journalistes, des CRS et un ciel bleu. Bleu comme celui des fresques où flottent des angelots rebondis qui accompagnent la colère de Dieu. Parfait pour ce qui devait être un spectacle magistral, une épopée dont la presse locale avait déjà trouvé le titre, «l'Evangile contre la bombe», «Protestants en croisade»... Car, pour la première fois, l'Eglise évangélique de Polynésie avait décidé, samedi, d'abandonner ses temples, d'investir les rues de Papeete et de saisir le flambeau antinucléaire. Clamer haut et fort que l'amour de Dieu était la seule force de dissuasion capable de garantir la paix sur Terre. Un engagement que personne n'avait pris à la légère dans un archipel où les Polynésiens sont nourris, dès l'enfance, au sein de l'Eglise. Avec ferveur, ils lui construisent des cathédrales. Avec passion, ils lui donnent, même quand ils n'ont rien. 50% d'entre eux sont protestants et un seul mot de leur chef, le pasteur Ihorai, aurait dû suffire à les jeter sur les routes. Une marche ouverte à tous, à la condition de ranger étendard politique et bannière indépendantiste. Ils avaient accepté. L'Eglise catholique a préféré ne pas entrer dans cette ronde oecuménique, peut-être lassée des projecteurs qu'avait monopolisés monseigneur Gaillot, embarqué sur le Rainbow Warrior II, en juillet dernier.
Perplexe, le fonctionnaire se gratte la tête. «Là, je ne comprends pas... L'Eglise évangélique c'est quelque chose! Je m'attendais à une foule d'au moins 1