Sydney, envoyé spécial
Qu'ils dansent sous une affiche demandant à «Mister Chirac» d'«épargner la planète» au Hard Rock Café de Sydney, ou qu'ils emploient les plus verts jurons dans les pubs pour dénoncer entre deux bières les essais nucléaires français, les Australiens sont pour une fois unanimes. Une unanimité qui agace Paris, qui frise parfois l'affrontement culturel, mais qui, au-delà des calculs politiciens de quelques responsables locaux, marque sans doute un tournant dans la recherche d'identité à laquelle se livre ce pays-continent, ancienne colonie britannique désormais déterminée à trouver sa place dans ce vertigineux concept qu'est l'Asie.
«Une réaction émotionnelle? Mais évidemment! Est-ce qu'on descend dans la rue autrement que sous le coup de l'émotion? Nous avons été indignés de voir que le gouvernement français rompait le moratoire sur les essais atomiques, faisait comme si la fin de la guerre froide n'avait rien changé, et se soit attendu à ce que les peuples du Pacifique s'inclinent devant le fait accompli.» Ni activiste antinucléaire ni écologiste en batik, Ross Steele est professeur de civilisation française à l'université de Sydney. «La mobilisation australienne ne s'est pas limitée aux franges radicales étudiantes, ni aux professionnels de l'action de rue, elle embrasse de très larges secteurs de la population. Et si elles sont à déplorer, les attaques inconsidérées contre le peuple français en général ont été marginales», explique-t-il.
Suffisantes, tou