Menu
Libération

A l'approche du deuxième essai, Papeete redoute de nouvelles émeutes La population européenne est tentée par l'auto-défense, alors que les jeunes polynésiens remâchent leur colère.

Article réservé aux abonnés
publié le 30 septembre 1995 à 7h52

Papeete

envoyée spéciale Papeete a rapidement effacé les traces des émeutes, monté du contreplaqué sur les vitres brisées, gommé les impacts de grenades, badigeonné de blanc les insultes oubliées sur les murs. Dans les rues restent quelques blessures béantes et noircies par les flammes des incendies du 6 septembre. La veille, à 1.200 kilomètres de Papeete, dans le lagon de Mururoa, le premier tir nucléaire d'une reprise annoncée et médiatisée avait allumé une mèche dont chacun redoute, aujourd'hui, qu'elle ne provoque encore d'autres explosions. Si, de déclarations en conférences de presse, les autorités locales s'exercent aujourd'hui à la sérénité, la rumeur, pourtant, affole les esprits. Ils vont égorger les Blancs, brûler l'hôpital, incendier les maisons... Personne ne veut y croire, mais tous s'organisent. Dans les quartiers résidentiels, ceux qui bordent la commune indépendantiste de Faaa qui a fourni le plus gros des troupes dans l'attaque de l'aéroport et les émeutes de Papeete, les habitants se répartissent des rôles et des consignes, graissent leurs fusils et patrouillent dans des rues désertes. Un médecin de Papeete a même créé une association de «défense civique» pour orchestrer la sauvegarde des biens et des personnes avec des points de ralliement pour les hommes valides, des centres de regroupement pour les femmes et les enfants... Personne ne veut y croire, mais tous refusent d'accorder une trop grande confiance aux forces de l'ordre qui totalisent plus de 600