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Libération

Nucléaire: un essai puissant et imminent. Tout est prêt dans le Pacifique pour tester une bombe d'environ 100 kt.

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publié le 2 octobre 1995 à 9h17

Il n'est jamais trop tard pour s'offrir une transparence minimale.

Les autorités françaises avaient annoncé, depuis la fin de la semaine dernière, que le second tir de la série de six à huit essais nucléaires annoncés par Jacques Chirac le 13 juin dernier était imminent. Quelle heure, quel jour? Depuis dimanche, tout semblait prêt pour que l'explosion ait lieu dès la nuit suivante, même si aucune confirmation n'était arrivée en fin de journée à Paris. La seconde forte probabilité portait sur le lieu de l'explosion: l'atoll de Fangataufa. A quelques milles de Mururoa, ce grand récif coralien a été réservé aux plus puissants des 193 derniers essais (1).

Le 29 septembre, le CEA (Commissariat à l'énergie atomique) a annoncé que le prochain tir serait d'une puissance comprise entre 75 et 150 kilotonnes. En procédant à cette annonce, Jean Lichère s'est refusé à préciser si ce tir serait destiné à «qualifier» (c'est-à-dire permettre son installation officielle) la tête nucléaire TN-75 des missiles M-45, qui doivent équiper les sous-marins nucléaires lance-engins de nouvelle génération (SNLE-NG) du type le Triomphant, dont le premier exemplaire sera opérationnel dans moins d'un an, avec seize missiles à bord. Il paraissait pourtant probable, peu avant l'explosion, que les ingénieurs du CEA et les militaires avaient obtenu de Jacques Chirac un ultime tir de la TN-75, dont vingt-deux exemplaires ont, pourtant, déjà explosé. Ce nombre explique à lui seul, selon certains experts, que la T