En France, traditionnellement, les affaires des services secrets
sont... secrètes. Ce qui peut se comprendre dès lors que l'on postule que les espions français n'ont à rendre de comptes qu'au pouvoir exécutif qui les emploie. Le terme «pouvoir exécutif» ne recouvrant souvent que la seule personne du président de la République. La tradition perd cependant toute signification quand le «secret» dont se drapent les services est utilisé pour dissimuler des coups aussi tordus que les affaires Ben Barka en 1965, ou Greenpeace, vingt ans plus tard, concernant toutes deux la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). De même, on a récemment pu mesurer l'ampleur des dégâts que pouvait provoquer une grosse manipulation du contre-espionnage comme celle dirigée par la DST (Direction de la surveillance du territoire) contre la CIA (Central Intelligence Agency), et révélée en pleine campagne présidentielle française, au printemps dernier. Pour ces raisons, le rapport que le sénateur Jean Faure (Isère, Union centriste) vient de remettre à l'occasion de la préparation de la loi de finances 1996, qui sera discutée au palais du Luxembourg le 6 décembre, présente un intérêt tout particulier.
Le parlementaire réclame en effet qu'une réflexion soit lancée en France sur une redéfinition du rôle du Parlement en la matière: «Il doit pouvoir être associé, d'une manière ou d'une autre, de façon à être mieux informé des questions les plus importantes de l'heure et d'être mieux armé pour réfléch