Cet après-midi à l’hôtel Matignon, le Premier ministre Alain Juppé
donnera le coup d'envoi de la Conférence nationale sur la famille. Il évoquera à cette occasion l'hypothèse d'une fiscalisation ou d'une modulation des allocations familiales. «La question est de savoir s'il est normal, légitime, juste, d'aider exactement toutes les familles quel que soit leur niveau de revenus», a-t-il déclaré samedi à Bordeaux. En précisant: «Je poserai la question et puis on en débattra, il n'y aura pas de mesure imposée, bien entendu.»
Autre débat essentiel de cette grand-messe instaurée en 1994 par Edouard Balladur pour réunir associations et partenaires sociaux: la place croissante des familles dites «monoparentales» dans la société française. Au recensement de 1990, la France comptait 1.175.000 familles de ce type une sur huit , soit 1.900.000 enfants de moins de 25 ans. Et la famille monoparentale pourrait devenir dominante d'ici à trente ans puisque son nombre croît cinq fois plus vite que celui des familles à deux adultes.
La reconnaissance officielle de ces situations doit beaucoup à Nicole Catala, député RPR de Paris, qui vient de remettre à Alain Juppé un «rapport d'étape», dont Libération a eu la primeur. Parce qu'elle s'est elle-même retrouvée assez tôt confrontée à cette situation, elle a su convaincre quinze collègues de son parti (1) de réfléchir à la question. Entreprise difficile: parler de la famille monoparentale peut paraître osé quand on est un élu de droite supposé