Ce jeudi soir, un gros autocar multicolore stationne devant la
préfecture de Cergy. Affrété par Dominique Gillot, candidate officielle du PS dans la 2e circonscription du Val-d'Oise, il doit transporter les sympathisants socialistes au meeting de Lionel Jospin à Paris. Le car est quasi vide. Presque au même moment, Isabelle Massin, ex-maire de Cergy et candidate socialiste dissidente, tient une réunion publique à la maison de quartier de La Challe, dans la commune voisine d'Eragny-sur-Oise. Ambiance bon enfant, et affluence.
Jean Chauvin, 50 ans, contrôleur de gestion à Eragny, explique à qui veut l'entendre qu'il a voté Chirac à la présidentielle, «mais que le Président est trop décevant, qu'il n'a pas du tout engagé le programme de réformes annoncé». Entre Jacques Chirac et Isabelle Massin, il n'hésitera pas, dit-il. Raymonde Marchadour, adjointe au maire de Cergy et l'une des plus tenaces militantes socialistes de l'agglomération nouvelle, tient le même discours: «Isabelle Massin, c'est une autre façon d'agir. Elle est la plus apte pour redonner à gauche la 2e circonscription.»
Ce pari s'avère ambitieux, car la circonscription a été sévèrement charcutée. Longtemps tenue par Michel Poniatowski, ministre de l'Intérieur de Giscard et toujours maire de L'Isle-Adam, elle avait été conquise en 1977 par un tout jeune socialiste rocardien, Alain Richard. Charles Pasqua, lors de la cohabitation, allait la redécouper tout exprès pour la droite. La 2e a aujourd'hui la forme d'une cac