Charles Pasqua, au premier jour de son premier procès, annonce la couleur : défense intraitable, refus de s'exprimer sur des accusations de corruption. La situation est baroque. Son principal coprévenu, Michel Tomi (l'autre, Robert Feliciaggi, a été assassiné l'an dernier à Ajaccio), est poursuivi pour avoir corrompu en 1994 le ministre de l'Intérieur contre l'ouverture d'un casino, en dépit des réserves formulées des fonctionnaires de la place Beauvau. Le tribunal correctionnel va juger le présumé corrupteur, mais pas le présumé corrompu : sur ce point, Charles Pasqua relève de la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à juger les ministres dans l'exercice de leur fonction.
Maquillé. Son avocat, Me Lev Forster, demande le report du procès le temps que la CJR statue. Mais elle ne semble guère pressée : sa propre instruction est bouclée depuis janvier dernier et on attend toujours que le parquet général daigne donner son avis sur la suite des événements - renvoi ou pas devant la CJR. Il semble en proie à des zizanies internes, un de ses membres écrivant que «aucun lien n'établit la corruption».
Au banc des prévenus (façon de parler, puisqu'il bénéficie, et lui seul, d'un fauteuil qu'on qualifiera de sénatorial), Pasqua n'est présentement jugé que pour avoir reçu, cinq ans plus tard, au nom de son parti le RPF, des fonds de la fille de l'associé du bénéficiaire du casino. La défense ironise sur cette «corruption par crédit-bail», Pasqua n'étant pou