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Libération

La peur, raison d'être du ministère de Brice Hortefeux

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publié le 8 novembre 2007 à 1h21

Le bilan du ministère de l'Immigration, de l'Identité nationale, de l'Intégration et du Codéveloppement, que Brice Hortefeux présente ce matin, est d'abord et avant tout celui d'une «culture de la peur» qui affecte très certainement toutes les démocraties occidentales, mais qu'il aura exemplifié et amplifié, à plus d'un titre, depuis sa formation. Amalgame. D'abord, l'annonce et la promesse fracassante de sa création ne sont pas séparables d'une stratégie électorale qui aura consisté depuis le début à focaliser sinon détourner l'attention d'une partie de l'électorat sur ce que le sociologue Zygmunt Baumann appelle des «cibles de substitution», dans un étrange amalgame qui mêle, depuis toujours, immigration et délinquance. Elle aura consisté à institutionnaliser l'idée que les immigrés constituent une «menace» pour une «identité nationale», qu'elle aura voulue homogène et repliée sur elle-même, dans le déni de son hétérogénéité constitutive. Elle aura parié ainsi sur les effets électoraux de «la peur des étrangers». Mais il faut aller plus loin : s'il est vrai que cette peur désigne la raison d'être de ce ministère, le génitif doit y être entendu au double sens d'un génitif subjectif et objectif. La peur, ce n'est pas seulement celle que l'on prête aux citoyens ayant droit de cité et à leur supposé besoin de sécurité et d'identité, dans une dangereuse confusion. C'est aussi et prioritairement celle des étrangers eux-mêmes - ceux qui voient s'aggrav