Jean-Philippe Legois est historien spécialiste de la contestation universitaire, membre du Germe (groupe de recherche sur les mouvements étudiants) et de la mission Caarme (pour la création d'un centre d'archives sur les mouvements étudiants). Il analyse les sources de la mobilisation actuelle et ses risques d'extension.
Le mouvement étudiant peut- il prendre de l'ampleur ?
Deux possibilités existent : un mouvement massif comme le CPE en 2006, ou un mouvement relativement minoritaire, comme en 2003 contre la réforme LMD [instaurant la licence, le mastère et le doctorat en trois, cinq et huit ans, ndlr]. Cela avait alors été difficile de mobiliser, car le LMD ne s'appliquait pas à toutes les universités en même temps. Aujourd'hui, toutes vont devoir se prononcer sur la composition de leur nouveau conseil d'administration et réformer leur gouvernance.
Certains groupes politiques misent sur le climat social. Il peut en effet renforcer la protestation. Mais il y a une autre hypothèse: en 1995, le mouvement social était tellement fort que la mobilisation étudiante [contre les restrictions budgétaires] s'est fondue dedans. La grève du 20 novembre, celle de la fonction publique, sera importante: elle peut être un point de jonction des étudiants avec d'autres secteurs.
Le gouvernement accuse le mouvement d'être politique. Qu'en pensez-vous ?
C'est un faux débat qui revient chaque fois. Les militants étudiants qui lancent le mouvement sont aussi souvent des militants politiq