Mis en examen pour cinq meurtres dans la matinée, Nicolas P. est sorti libre, hier soir, du tribunal de Montbéliard (Doubs). Alors que le parquet avait requis l'incarcération du sexagénaire arrêté mardi à Mulhouse (Haut-Rhin) pour être interrogé sur une série de six meurtres commis entre 1983 et 2000, la juge des libertés et de la détention (JLD) l'a placé sous contrôle judiciaire, avec obligation de porter un bracelet électronique.
La décision rendue par la JLD, à l'issue d'une audience exceptionnellement publique, a des accents de réquisitoire à l'encontre du parquet et de la juge d'instruction qui a prononcé la mise en examen. Il y est question de l'absence d'«indices graves et concordants» pesant sur Nicolas P., 68 ans, ex-artiste travesti, homosexuel, soupçonné d'avoir tué cinq hommes, homosexuels pour la plupart, en Alsace et en Franche-Comté. L'enquête aurait fait apparaître treize meurtres similaires. Mais en l'état, dit la JLD, le dossier est une «construction intellectuelle» qui repose sur des «suppositions», des «supputations», et «il n'y a aucun moyen d'établir sa présence sur les lieux» des crimes.
Mes Eric Muller et Nelly Rouzet, les avocats du mis en examen, ont eux aussi dénoncé l'absence de preuves ou de témoignages pouvant lui être opposés. «Le fait qu'il y ait tout un battage médiatique ne suffit pas à placer quelqu'un en détention. Je pense que les leçons d'Outreau commencent à porter leurs fruits», se réjouit Me Mu