En 1995, le docteur Dieter Krombach, un cardiologue allemand, est condamné à quinz ans de réclusion criminelle pour le meurtre et le viol, en 1982, de sa belle-fille, Kalinka, de nationalité française. La décision n'a jamais été exécutée. Le père de Kalinka, André Bamberski, mène depuis vingt-cinq ans un combat acharné. Il soupçonne «une collusion franco-allemande» visant à ne pas inquiéter Dieter Krombach. Trois hauts magistrats français, le procureur général près la Cour de cassation Jean-Louis Nadal, le procureur général de Paris Laurent Le Mesle, et l'ancien procureur général de Paris Alexandre Benmakhlouf, viennent d'être entendus par une juge d'instruction, Nathalie Poux. Elle cherche à savoir si la justice française a pu céder devant des pressions de l'Allemagne sur ce dossier criminel. André Bamberski revient sur l'affaire pour Libération.
D'après vous pourquoi la justice française a-t-elle tant traîné à prendre les mesures visant à obtenir l'emprisonnement du docteur Krombach ?
La décision de retarder l'exécution de la condamnation du docteur Krombach a été prise au niveau politique, pour céder aux exigences de l'Allemagne, qui n'a jamais eu l'intention d'extrader le docteur Krombach. Les récentes auditions réalisées par la juge Nathalie Poux officialisent les preuves écrites dont je disposais déjà, même si les trois magistrats interrogés répondent qu'ils n'ont pas eu connaissance de ces documents. L'audition du procureur général de