Elle dit que, à l'époque du traitement, Frank, son fils, avait constamment de la fièvre. Elle dit qu'elle voudrait savoir pourquoi le rapport médical sur celui-ci n'a jamais été pris en compte, elle dit qu'on savait qu'une telle élévation de température était symptomatique. Elle dit qu'elle veut savoir. Lui, voûté derrière la barre, semble ne pas avoir entendu la question. Il demande au président Perrusset de la lui répéter. Le magistrat s'exécute. Suit un long silence, rompu enfin par ses mots mais cette fois à peine audible tant Marc Mollet, 83 ans, ancien chef de service la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), parle difficilement dans le micro : «Vous soulevez là un problème, madame : qu'est-ce qu'on aurait pu faire ?. Nous ne disposions d'aucune définition. Notre rêve était d'avoir un texte.»
Le procès de l'hormone de croissance entrait hier à Paris dans sa cinquième semaine et c'est sous le signe de ce rêve du texte que l'audience s'est tenue. Le vent frappait violemment contre une des lucarnes du plafond, imposant un rythme involontaire au président dans sa lecture à haute voix, souvent trébuchante, toujours neutre, des extraits des interrogatoires des témoins. Lire et dire haut et fort semblaient hier choses bien difficiles dans cette chambre hypermoderne posée au beau milieu de la salle des pas perdus. Il fallait avoir l'ouïe bien fine pour entendre les propos des vieux messieurs qui se succédèrent devant la cour. Tout ce mercredi fut donc au palais histoire