Il s'appelait Mouloud. Il est mort le 23 février 2006. Il avait 57 ans. Sur les photos, il porte un chapeau. Il n'a jamais quitté son quartier, le XIe arrondissement de Paris. Juste après sa mort, au coin des rues Saint-Maur et Jean-Pierre-Timbaud, sa tente flottait au vent, installée sur une bouche d'aération. Accrochés, plein de petits mots disaient la tristesse de sa disparition. Il reste juste cette inscription au feutre noir, à hauteur d'yeux : «Place Mouloud». Aujourd'hui, c'est la mémoire de Mouloud qu'on honore. La chose est assez rare pour un gars de la rue. Un clip rap a été mis en ligne. Un documentaire vient d'être réalisé. Une projection a eu lieu samedi dans un café de la rue Jean-Pierre-Timbaud.
Le rap, c'est Rost, 27 ans, qui l'a concocté. Il a connu Mouloud à 12 ans, une époque où il traînait dans la rue. Rost vivait alors à Belleville. «Notre quotidien ? Embrouilles, bagarres et règlements de compte», écrit-il . Mouloud leur payait des baby-foots, s'occupait d'eux. Montrait l'exemple, quoi. Il avait un boulot, un studio, un salaire «frivole» selon Rost. Il travaillait dans la ferronnerie. «Il voulait voir ses proches heureux. A travers lui, je voyais la vie pleine de bonté», écrit naïvement le rappeur, qui parle de cette époque comme une période où «[il] aurai [t] pu mal tourner».
«Gardien de phare». Aujourd'hui, Rost est connu et passe à la télé. Il a une «rancoeur» vis-à-vis de ce qui est arrivé au SDF. Une