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Libération
Reportage

Chez Papa, le patron est en haut, les sans-papiers en bas

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publié le 16 mai 2008 à 3h29

L'histoire d'un patron qui soutient ses salariés depuis un mois pour qu'ils obtiennent des papiers était exemplaire. Elle est en train de tourner au vinaigre. Entre le haut et le bas du restau, c'est à couteaux tirés : on ne communique plus. En haut, premier étage, le patron du restaurant parisien Chez Papa, dans le Xe arrondissement de Paris. Barbe, accent avenant qui cadre avec le confit de canard et les magnums de marcillac - un vin charpenté de l'Aveyron - proposés à la carte, Bruno Druilhe est passé du soutien inconditionnel au ras-le-bol. Ce n'est pas tant ses salariés, d'ailleurs, que les syndicalistes de la CGT venus aider ses employés qu'il ne supporte plus. «Ils sont francs comme une vache qui recule», dit-il. Il leur reproche d'avoir la main-mise sur les dossiers des salariés, de ne pas les faire avancer comme il faut auprès de la préfecture. Et de mettre en péril son entreprise.

Larmes. Mercredi matin, il fait la gueule dans son bureau. Et dit qu'il est prêt à aller jusqu'au référé, donc l'expulsion, avant de lâcher, un brin théâtral : «Je veux pas en arriver à mettre des types sur le carreau.» A côté de lui, Catherine a presque les larmes aux yeux. Cette fidèle secrétaire s'avoue «blessée» et «écoeurée». Elle s'en prend à l'Etat, insiste sur le fait que les «papiers» des employés étaient déjà passés par les filtres de l'administration sans qu'elle ne s'en émeuve. «ANPE, inspection du travail, Urssaf, Trésor public»