Rachida Dati n'a «pas changé d'avis», dit-on à la chancellerie. Elle a pourtant demandé hier au parquet de Douai d'interjeter appel de la décision du tribunal de grande instance de Lille d'annuler un mariage parce que l'épouse avait menti sur sa virginité.
Jusqu'ici, au coeur du tollé unanime contre une «atteinte au droit des femmes», la garde des Sceaux était la seule à avoir soutenu la décision du juge. «Le fait d'annuler un mariage est aussi un moyen de protéger la personne [...] parce que je pense que cette jeune fille [.] a souhaité également, sans doute, se séparer assez rapidement», avait-elle déclaré vendredi. «Il n'y a pas de revirement, affirme Guillaume Didier, le porte-parole de la chancellerie. La ministre a voulu prendre en compte le vif débat de société suscité par cette décision. Des gens ont été choqués. Dans ce contexte, il est important que la juridiction collégiale d'appel puisse à nouveau se prononcer.»
Il y aura donc un second procès, malgré le souhait des deux principaux concernés d'en rester là. La chancellerie aurait pu décider d'attendre la fin du délai légal d'appel d'un mois pour introduire un «pourvoi dans l'intérêt de la loi» devant la Cour de cassation. Une solution que François Fillon n'a d'ailleurs pas écartée hier : «Il est normal de demander un nouveau jugement et, le cas échéant, de demander à la Cour de cassation de se prononcer pour que ce jugement ne s'impose pas à tous les juges de notre pays»