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Libération

Pour ne pas avoir à disculper Villepin, le parquet joue la montre

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publié le 7 juin 2008 à 3h47

Courage, bottons en touche. Faute d'oser requérir un non-lieu en faveur de Dominique de Villepin, le parquet vient de demander la réouverture de l'enquête pénale sur Clearstream. Les juges d'instruction en charge de l'affaire sont libres de passer outre et de le renvoyer illico en correctionnelle. Mais oseront-ils ?

Pour mémoire, l'ancien Premier ministre est poursuivi pour dénonciation calomnieuse. Et Jean-Louis Gergorin, ancien vice-président d'EADS, pour avoir fait circuler des listings bancaires attribuant faussement des comptes offshore à des personnalités politiques, de l'industrie, de la finance et de la police.

Observé. C'est un principe général du droit : pas de délit sans intention délictuelle. En matière de dénonciation calomnieuse, le code pénal est explicite : «Il appartient de rechercher si, au moment de la dénonciation, le prévenu connaissait ou non la fausseté des faits dénoncés.» Appliqué à l'affaire Clearstream, il faudrait démontrer que Villepin savait que les listings avaient été bidonnés au moment de leur envoi anonyme au juge Van Ruymbeke -- et peu importe qu'il ait donné, ou pas, instruction à Gergorin de le faire. Or il lui est plutôt reproché d'avoir cru trop longtemps à leur véracité. Une faute politique, peut-être ; une manoeuvre contre Nicolas Sarkozy, sûrement ; un délit pénal, certainement pas.

Dans son réquisitoire, communiqué jeudi aux parties, le parquet évoque une «lumière trouble sur ses motivations exactes», mais il const