Ce n'est pas leur pain quotidien. Mais le lot de millions de Français à qui une campagne publicitaire tente de faire croire qu'avec 0,94 euro, on peut manger équilibré. Hier midi, des députés «communistes et républicains» ont organisé un drôle de déjeuner sous les lustres de l'hôtel de la questure, à l'Assemblée nationale. D'ordinaire, la table est, aux dires de ceux qui la fréquentent, plus que raffinée. Pour les invités d'hier, c'était un «super-repas hard discount» entrée-plat-dessert-ceinture. L'ordonnateur de ces agapes ? Le député communiste Pierre Gosnat (Val-de-Marne). Son objectif, en cette période de grande inquiétude pour le pouvoir d'achat : montrer que la concurrence prônée par le gouvernement via la loi de modernisation de l'économie (LME) actuellement en débat fera peut-être baisser les prix (un article de la loi vise à faciliter l'implantation des grandes surfaces) mais ne favorisera en rien le consommateur.
Le menu ? Un «panaché de crudités de saison sauce provençale» (des carottes râpées), des «quenelles strasbourgeoises et suprême de pommes de terre en flocon» (des simili saucisses de Strasbourg et purée en sachet sans lait) et, pour finir, une «émulsion lactée dans son écrin polymérisé» (un yaourt nature).
«Du cinéma». Dans les cuisines, le chef ronchonne en buvant son thé. «Je préfère travailler», dit-il sans rire. A côté de lui, dans une casserole, les saucisses flottent dans l'eau bouillante. Les serveurs attende