C'est le point le plus noir de la médecine libérale en France : les dépassements d'honoraires. Il y en a partout, de plus en plus. Et ils frappent en priorité les plus démunis, ceux qui n'ont pas de «bonnes mutuelles». Roselyne Bachelot a déclaré, hier au micro de RMC, «son intention de fixer à 80 euros le montant minimum obligeant un médecin à informer préalablement par écrit son patient en cas de dépassement d'honoraires au-delà des tarifs remboursables».
«80 euros. Comme si c'était cela le problème», lâche, exaspéré, le Collectif interassociatif sur la santé (CISS) et son président (lire ci-dessous) qui vient de rendre publique une enquête passionnante sur l'état des lieux de ces dépassements en France.
L'année dernière, déjà, l'Igas (Inspection générale des affaires sociales) avait tiré la sonnette d'alarme en montrant que les dépassements d'honoraires ont fortement augmenté dans les dix dernières années, représentant aujourd'hui 2 milliards d'euros sur les 19 milliards d'honoraires perçus au total par les médecins. Et l'Igas ajoutait : «Cela pose un grave problème d'accès aux soins.»Inventaire. L'enquête du CISS est complémentaire, car elle met en exergue la timidité extrême des caisses primaires d'assurance maladie (CPAM) devant ce phénomène alors qu'elles ont tous les moyens pour réagir. En avril dernier, le CISS a écrit aux 82 CPAM pour avoir leurs données sur les dépassements. Problème : seuls 22 CPAM ont répondu et 9 ont pu fournir des don