Le Sénat prend ses aises. Et démontre, dans un sursaut d'orgueil, qu'il ne se laisse pas dicter sa conduite par le gouvernement, et encore moins par l'Assemblée nationale. En deux semaines - au rythme paisible qu'ils affectionnent - les sénateurs ont méthodiquement démonté le fragile compromis sur la réforme des institutions auquel avaient abouti en première lecture les députés UMP. Ces derniers vont de nouveau se saisir du texte la semaine prochaine. Et le ministre des Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, paraissait bien seul, hier, à croire à la possibilité d'une «voie de passage» qui rendrait possible l'adoption du projet de loi constitutionnelle par la majorité requise des trois cinquièmes du Parlement réuni en congrès. Même le patron des députés UMP, Jean-François Copé, reconnaissait que le sort du texte «dépendra de la souplesse du Sénat».
«Leurre.» Le plus souvent contre l'avis du gouvernement, la majorité UMP au Sénat a voté des mesures qui mécontenteront tantôt les députés de droite, tantôt ceux de gauche, et parfois même ceux des deux camps. Hier après-midi, les sénateurs sont allés jusqu'à revenir sur la limitation de l'usage de l'article 49.3 qui, dans son actuelle rédaction, permet au gouvernement de faire adopter un texte sans vote. Roger Karoutchi avait pourtant prévenu que cette limitation du 49.3, approuvée par l'Assemblée, était un «élément clé du projet de réforme»,«un gage d'adaptation au quinquennat». Cet article emblé