Après les militaires, les cheminots, les pêcheurs, les routiers et les enseignants, Nicolas Sarkozy vient de se mettre à dos les cadres du privé. Dommage pour lui et pour l'UMP : les cadres sont une catégorie de plus en plus importante, et très disputée entre la gauche et la droite.
Or, ces cadres ont bien compris que la soirée du lundi 7 juillet - et l'adoption, hier, du projet de loi sur la démocratie sociale et la réforme du temps de travail, adopté en première lecture par 326 voix contre 222 -, aura été celle de l'abolition d'un privilège auquel ils tenaient beaucoup : les RTT, ces fameuses journées dites «de récupération du temps de travail», instaurées dans les lois Aubry de 1998 et 2000 pour compenser le passage de 39 à 35 heures chez les salariés dont la journée de travail ne peut être chronométrée. «Si on applique la nouvelle loi à la lettre, une entreprise peut imposer à ses cadres, et à de nombreux salariés non-cadres, de travailler 235 jours par an», s'indigne le député socialiste des Landes Alain Vidalies, qui a mené depuis le 1er juillet la fronde à l'Assemblée nationale contre le texte gouvernemental. «La seule limite étant l'obligation de 11 heures de repos quotidien, calcule-t-il. Cela fait quand même un maximum de 3 055 heures par an et nous ramène entre 1919 et 1935.»
Seuil. Dans un premier temps, rien ne devrait cependant changer, au moins pour les entreprises où s'applique un accord définissant, en jours, la durée annuelle du travail.