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Récusé par ses aînés, l'élève magistrat s'était immolé

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publié le 9 juillet 2008 à 4h14

Envoyé spécial à Macôn La magistrature n'avait pas voulu de lui. Le 29 mai, au pied de la roche de Solutré (Saône-et-Loire), Gabriel s'est immolé par le feu. Un employé municipal de Mâcon a retrouvé son corps au petit matin. Gabriel a brûlé des papiers dans une poubelle, laissé un SMS non envoyé pour ses proches : «Je pars le coeur content, je vous embrasse tous.» En stage au tribunal de Mâcon en février, il avait été déclaré «inapte» à la fonction par le jury de l'Ecole nationale de la magistrature (ENM). «C'était la première fois qu'il devait faire face à un échec», remarque Grégoire, qui s'est lié d'amitié avec lui à l'Institut d'études politiques (IEP) d'Aix-en-Provence.

Hiatus. Gabriel avait 25 ans, les cheveux châtains, les traits fins, une voix qui ne portait pas. «C'était un vrai romantique», dit son oncle Paul, avocat au barreau de Marseille. Gabriel passait pour un garçon brillant. Reçu en sciences politiques avec mention, entré dans les premiers au concours de l'ENM. Pourquoi alors cette évaluation calamiteuse du tribunal de Mâcon ? «On lui reprochait d'être trop timide, voire timoré, résume son oncle. Les magistrats ont noté une inaptitude psychologique. Est ce qu'ils n'ont pas outrepassé leur compétence ?» L'avocat leur reproche d'avoir prononcé une décision sans appel. En effet, les juges ont fermé la porte à son redoublement. «Pourquoi est-il reçu au concours où il y a des épreuves orales qu'il réussit brillam