Le procureur Jean-Claude Marin vient de requérir un non-lieu dans l'affaire des frégates de Taïwan. Le parquet de Paris a confirmé hier les présomptions alimentées depuis des semaines par Médiapart, Bakchich et Le Figaro. En soi, cette information est un non-événement. L'enquête pénale sur les frégates, plombée par le secret défense, est au point mort depuis deux ans. Mais sa clôture formelle ouvre la voie à une procédure arbitrale, où Taïwan réclame un milliard de dollars (650 millions d'euros) de dommages à la France - pire que l'affaire Executive Life. Et c'est là que réside désormais le scandale.
Le tenace juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, en charge de l'affaire, avait jeté l'éponge en octobre 2006. Chargé de pister les pots-de-vin en marge de la vente, en 1991, de six frégates militaires construites par Thomson (aujourd'hui Thales) et la Direction des constructions navales (DCN), pour 2,8 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros), il a fait chou blanc. Le montant des commissions occultes versées en marge de ce fabuleux contrat a battu tous les records : entre un demi et un milliard de dollars. Une partie (20 millions) aurait permis de soudoyer des militaires taïwanais pour les convaincre de choisir les frégates françaises de préférence à un chantier naval coréen ; une autre partie (200 millions) aurait permis d'arroser des dignitaires de la Chine communiste, réputée opposée à la vente de matériel militaire à l'île nationaliste. Outre qu'on est encore loin