Entre eux, ils s'appellent parfois les «Cachan». Deux ans ont passé. Samedi, les «Cachan» organisaient une fête, pour célébrer leur évacuation du squat de cette ville du Val-de-Marne, le 17 août 2006. Avec de la musique pour danser, du théâtre pour méditer. Une petite fable sur ceux qui quittent leur pays pour aller dans un autre : la France, en l'occurrence. Dans cette salle à côté de la mairie, une estrade est dressée pour les discours. Des femmes, sur leur 31 coloré, font frire des bananes et du poulet, cuire du riz. Sur le buffet : champagne, vin et coca. Sur le parquet, esquisses de pas de danse. Mais pour certains, le coeur n'y est pas tout à fait.
Yada, 31 ans, est arrivé après le début des festivités. Il est salué mieux que les autres. Yada est ce gréviste de la faim que les médecins (Patrice Muller, décédé il y a trois mois, et Patrick Pelloux, présent à la fête) ont emporté, très mal en point, à l'hôpital Saint-Antoine à Paris. Il y est resté quinze jours. Il a mis six mois à s'en remettre : «Il fallait le faire,nous étions beaucoup humiliés, il fallait débloquer la situation.» Sa grève, il ne pourra jamais l'oublier. Il a manqué être martyr, n'en tire aucune fierté. Aujourd'hui, il a été régularisé, travaille comme agent de sécurité. Mais il vit toujours à l'hôtel. Comme son copain d'infortune, qui a failli y passer avec lui.
Travailleurs. Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile, rappelle que 90 des 400 «Cachan» n'o