Une année de peines planchers et un bilan mitigé. Si la chancellerie se dit «pleinement satisfaite» de l'application de la loi du 10 août 2007 destinée à lutter contre la récidive en imposant des condamnations minimums aux délinquants récidivistes, de nombreux magistrats restent fermement opposés à cette politique, qui, selon eux, ne fait qu'aggraver l'engorgement record des prisons françaises.
Selon les chiffres du ministère de la Justice, au 1er juillet les peines planchers ont été prononcées dans 51 % des cas en première instance (dans 65 % des cas en appel), sur les 10 783 décisions prises depuis un an par les tribunaux contre des récidivistes majeurs. «La loi est équilibrée puisque dans un cas sur deux la peine minimale a été retenue», estime Guillaume Didier, le porte-parole de la garde des Sceaux. Le secrétaire général de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), Laurent Bedouet, retient que «la loi n'a été appliquée que dans 51 % des cas, ce qui signifie que les magistrats n'ont pas hésité à y déroger». Chacun voit donc midi à sa porte. Mais l'interprétation contraire des chiffres ne change pas le fond de la discorde. Pour Serge Portelli, vice-président au tribunal de grande instance de Paris, «cette loi est une violation éhontée de tous les principes fondamentaux du droit. Essayer d'imposer une peine au juge est contraire à la notion de justice. Et l'idée que la prison est un moyen de lutter contre la délinquance n'est qu'un attrape