«Aujourd'hui, on parle peu de la situation des migrants, sauf quand il y a un fait-divers exceptionnel, comme celui de la semaine dernière[une étudiante en journalisme a été violée dans un camp, ndlr].Je suis allée à un congrès récemment, on a montré des photos de ce qui se passe à Calais, les gens n'en revenaient pas. Ils croyaient que ça n'existait plus.» Nadine et les bénévoles de l'association Belle Etoile, qui vient en aide aux réfugiés à Calais, sont «fatigués. On travaille dans l'urgence. Ça dure et on commence à s'essouffler.»
A quelques jours de la conférence européenne sur l'asile qui doit se tenir à Paris lundi et mardi prochains, la Coordination française pour le droit d'asile (CFDA) a accéléré la rédaction de son rapport sur «la situation des exilés sur le littoral de la Manche et de la mer du Nord». Patrick Delouvin, d'Amnesty International, explique qu'il a voulu «tenter d'ouvrir les yeux des responsables politiques.»
Le rapport s'intitule «La loi des "jungles"».Les «jungles», c'est le surnom donné par les migrants aux bois où ils campent, à l'écart des agglomérations et des regards. Invisibles.
Ils y attendent l'instant opportun pour se faufiler dans un camion et, s'ils ne sont pas repérés par le chauffeur ou la sécurité du port qui les livrera à la police de l'air et des frontières, gagner l'eldorado fantasmé : l'Angleterre.
«Harcèlement». Au fil des 185 pages, les auteurs de la coordination, qui regroupe une vingtaine d