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Libération
Analyse

L'après-Delors par Paul Quilès

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publié le 17 décembre 1994 à 23h34

Jacques Delors a renoncé, dit-on, parce que les socialistes étaient incapables de faire de la place à l'homme, à ses idées, et à sa stratégie. Mais les mêmes étaient moqués à Liévin en raison de leur opportunisme, qui les rendait prêts à brader leur idéal pour réintégrer voitures de fonction et palais nationaux.

Mon Dieu! Si la gauche repassait... A l'approche de l'an 2000, on retrouve presque les accents archaïques des peurs millénaristes où l'on exacerbe la crainte de l'événement pour conjurer le sort. Ah, si le vieux clivage gauche/droite disparaissait par abandon de la gauche, comme la vie politique serait plus simple...

Ce qui est certain, c'est que, connue plus tôt, la décision de Jacques Delors aurait pu éviter le développement d'une espérance, sans doute excessive, car on pouvait imaginer déjà la violence de la campagne et son retentissement sur le cours des choses. Le non-candidat Jacques Delors était déjà vilipendé comme «M. Jachère», «l'homme des dévaluations» et «l'homme du parti allemand» par ceux qui aujourd'hui regrettent l'absence d'un adversaire qui «aurait élevé le débat». Et puis, il y a la bulle des sondages et ses effets ravageurs sur l'esprit public. Non pas qu'ils soient inutiles, mais qui sait réellement faire la part, dans la bonne cote de Jacques Delors, entre l'image de l'homme et l'attrait de ses idées? Le rejet croissant d'un Premier ministre, excessivement encensé en mars 1993 par refus des socialistes, a sans doute focntionné dix-huit mois plus t