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Libération
Portrait

L'homme qui a mis Tapie hors jeu . Michel Rouger

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Michel Rouger. Chef d'entreprise, banquier, président du tribunal de commerce de Paris, il a eu plusieurs vies. La dernière n'est pas la moins riche: c'est lui qui a prononcé la liquidation judiciaire de Bernard Tapie. Le «président» et le flambeur ont en commun le goût du commerce, de la bagarre et du pouvoir.
publié le 22 décembre 1994 à 23h27

«J'ai légué mes traits dominants à mes enfants. A ma fille le goût de l'action et de l'ambition. A mon fils, celui de la dignité. Mon plus jeune fils a hérité de la tolérance. Et ma cadette de la fantaisie et de la liberté.» A 66 ans, Michel Rouger tresse ses couronnes. Il a parcouru du chemin depuis l'époque où, à 16 ans, il se faisait appeler «monsieur Michel». Aujourd'hui, on lui donne du «président Rouger». Il se cale devant la fenêtre de son bureau situé en face de la préfecture de police. C'est cet homme, avec ses airs de notable de province sortant d'un banquet, qui a donné le coup de grâce à Bernard Tapie en prononçant le 14 décembre dernier la liquidation judiciaire personnelle de l'homme d'affaire. Et qui du même coup l'a sorti du champ politique, pour cinq ans. Une décision juridico-commerciale (le tribunal est composé de chefs d'entreprise et de commerçants élus magistrats) qui a coupé l'herbe politique sous les pieds du député des Bouches-du-Rhône, prétendant à la mairie de Marseille et trouble-fête putatif de la campagne présidentielle.

Jusque-là pourtant on disait le président Rouger sous le charme de Bernard Tapie. Quinze jours auparavant, le tribunal de commerce avait, en effet, accordé un sursis inattendu en se contentant d'ouvrir une période d'observation le temps d'un éventuel redressement judiciaire. En clair, il avait refusé de «tuer» l'homme d'affaire du premier coup. Pressé par la chancellerie, dénoncé publiquement pour sa clémence par certains députés