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Libération

Edouard Balladur, la posture du candidat officiel

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publié le 30 décembre 1994 à 23h39

A quatre mois de l'élection présidentielle, Edouard Balladur fait figure de grand favori. Sa prédominance à droite tient pour beaucoup au légitimisme traditionnel de l'électorat conservateur. C'est ce que démontre avec talent Jean-Louis Bourlanges dans un chapitre du livre d'analyse annuel de la Sofres (1).

Chacun en convient, l'image d'homme d'Etat d'Edouard Balladur a été rehaussée par sa gestion de la prise en otage de l'Airbus d'Air France. Or, sa position officielle est précisément son principal atout dans son bras de fer avec Jacques Chirac. Jean-Louis Bourlanges, député européen UDF, qui est aussi un esprit indépendant, présente le conflit qui déchire le RPR comme une opposition entre «le maître du pouvoir» (Balladur appuyé sur la légitimité gouvernementale) et «le roi de la jungle» (Chirac, doté de la légitimité partisane). Un conflit «chimiquement pur», dans la mesure où ces deux hommes, qui appartiennent à la même formation politique et relèvent d'une identique filiation pompidolienne, ne manquent pas de points communs. Tout le drame vient de ce que l'un est le chef historique du principal parti de droite, qui est aussi actuellement le parti le plus populaire du pays, tandis que l'autre se trouve en charge de «la politique de la France», selon le titre d'un document que viennent d'éditer les services du Premier ministre.

Or, constate Bourlanges, toutes les enquêtes d'opinion établissent «l'absolue prééminence du champion de la légitimité d'Etat sur celui de la légiti