Dans la descente aux enfers des socialistes, seul le terminus est connu: l'absence de la gauche au deuxième tour de mai 95, après quatorze années de présidence Mitterrand. Ce n'est pas une certitude, mais la menace est plus que réelle.
Pourtant la gauche, malgré l'usure et le désamour, gardait dans ses rangs plusieurs des hommes et des femmes les plus populaires de France. Quand ils ne se sont pas brisés eux-mêmes, ils l'auront été par leurs camarades. Laurent Fabius, Pierre Bérégovoy, Michel Rocard et Jacques Delors: qui pouvait imaginer il y a moins de trois ans que l'un d'entre eux, au moins, ne serait pas le candidat de la gauche en 1995. Aucun n'est au rendez-vous.
Même les vedettes présentes au hit-parade ne sont pas parvenues à percer; l'idole des Blésois et disc-jockey du mitterrandisme, Jack Lang, se sera vu interdit de compétition. Quant à Martine Aubry, le bourgeon prometteur de la fin du règne, elle n'aura même pas fait un tour de piste. Manifestemment, rien ne pouvait éviter au PS le chagrin de l'histoire. Pas même Jacques Delors pour qui ce fardeau était de toute évidence trop lourd.
Toutes les lignes de fuite auront donc été coupées. Le parti, sans placebo médiatique, est ramené à lui-même et à ses dimensions, c'est-à-dire réduit aux acquêts. A ce stade, il ne restait plus que quelques survivants du rêve politique ramené au degré zéro. Il est logique que ce soient les patrons passés ou présents de l'appareil, Lionel Jospin et Henri Emmanuelli, deux mitterrandiste