- PERSONNE NE L'IGNORE, le traditionnel clivage droite-gauche n'est plus la seule variable électorale pertinente. D'autres dimensions interviennent dans le choix des citoyens, qu'il s'agisse du rapport de chacun à la crise économique, de son jugement sur le système politique ou bien de ses réactions face à l'Etat et à l'Europe.
Comme toute typologie, celle que nous présentons est basée sur des hypothèses en partie subjectives et, par là-même, contestables. Elle n'en permet pas moins d'apprécier, en début de campagne, plus finement les atouts et les faiblesses des différents candidats en fonction de leur capacité à être entendus par les différentes «familles» de l'électorat.
La suprématie balladurienne.
De ce point de vue, le principal enseignement de ce coup d'envoi du Présidoscope Libération-Ifop 1995 réside dans la prédominance structurelle d'Edouard Balladur. Le candidat Premier ministre a dernièrement subi de sérieux déboires conjoncturels. Ses performances sondagières ont logiquement été réajustées à la baisse. D'après notre enquête, son avance sur Lionel Jospin se limite à quatre points au premier tour. Mais Balladur profite, alors que les coups commencent à pleuvoir dru sur lui, d'une fort enviable position de départ.
Le chef du gouvernement dispose d'abord d'un soutien massif dans la famille actuellement la plus nombreuse de l'électorat, celle de la «droite mesurée». Dans ce groupe qui rassemble à lui seul 28% de l'électorat, Balladur réalise son meilleur score avec plus du tiers des intentions de