C'est bien simple. Le jour où des sans-domicile ont envahi un immeuble de la rue du Dragon, la Bourse s'est mise à découvrir le social. A réfléchir, aussi. «L'autre soir, dans un dîner de finance, le sondage était clair: pas un de mes copains ne votaient Balladur.» Mais tous parlaient d'exclusion.
«Les traders sont un peu bêtes»...
Vincent Strauss peut le dire. Il a vu toutes les bulles: les actions, l'immobilier japonais, le marché des produits dérivés; la bulle de l'art et celle des pars de golf. Il a vu tous les krachs. Et, plus rare, il a su s'en sortir.
Il suit depuis longtemps d'un oeil amusé le milieu de la finance. Aujourd'hui, directeur de la Comgest, une société de portefeuilles, il gère 1,4 milliard de francs à 38 ans, avec une rentabilité de 30% sur deux ans, l'humour en prime.
Un golden boy? «Y en a plus, c'est du plaqué, aujourd'hui», sourit-il. Et si on insiste, il s'agace: «Je n'aime pas ce terme. Dire je suis un golden boy, c'est affirmer je suis un Mickey branleur mais je me prends au sérieux». Soit.
Il est, disons, le genre de type à sortir froidement: «Quand même ta concierge te dit: Sur l'action Telefonos Mexicanos, y a des pépètes à se faire... C'est que t'es au top du marché et qu'il faut shorter avant que cela ne se casse la figure.» Suit un petit sourire ironique sur lui-même.
Il dit aussi, en s'excusant: «Je suis un privilégié parmi les privilégiés; je suis né avec une cuiller en argent dans la bouche, et je l'ai toujours coincée entre les molaires.» Mais