Et voici les états-majors, à droite mais aussi à gauche, qui réaniment le vieux débat, serpent de mer de toutes les élections depuis dix ans: que faire de ce vote? Comment le traiter? Y a-t-il lieu de le récupérer? Comment, sans compromission trop visible, ramener ces électeurs égarés dans le giron d'une nécessaire majorité?
Les uns il est vrai, de plus en plus rares rêvent d'un accord en bonne et due forme avec un Le Pen assagi, banalisé par les années ou par les urnes et dont on ne pourrait indéfiniment ignorer la place dans le paysage politique français.
Les autres en fait, la plupart nous resservent la bonne vieille distinction entre les «mauvaises réponses» apportées par son Parti et les «bonnes questions» posées par lui ou, en tout cas, par ses électeurs; ils nous disent: il y a le «méchant appareil» avec lequel ne saurait se nouer le moindre compromis, mais il y a les «bons citoyens», déboussolés par la misère, l'insécurité, l'immigration, et auxquels il faudrait, eux, tendre fraternellement la main.
Eh bien, au risque de choquer, je crois que ceci vaut cela et que la démocratie n'a rien à gagner, de quelque manière qu'on l'orchestre, à l'obscénité de cette pêche aux voix. Et ce pour des raisons de fond, très simples, que l'on regrette de devoir, à dix jours du second tour, rappeler à la classe politique.
1. Les gens qui votent Front national ne le font pas à l'aveugle, dans l'innocence de leur démarche. Ce sont toutes les enquêtes l'indiquent