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Analyse

Une grand-messe à l'effet incertain sur le «télélecteur»

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Avec 20% d'indécis, l'impact du débat pourrait être plus grand qu'en 1974, 1981 et 1988.
publié le 3 mai 1995 à 5h20

Pour sa quatrième édition, le débat de l'entre-deux-tours s'est hissé au rang de grand-messe du «télélecteur». Au vu des précédents de 1974, 1981 et 1988, le téléspectateur prend cependant le pas sur l'électeur en cette circonstance. Ce spectaculaire duel au sommet mobilise admirablement l'audience ­presque 30 millions de voyeurs­, mais il n'exerce qu'une influence marginale sur les votes.

Le contraste entre l'impact de l'événement et sa modeste incidence sur l'issue de la bataille s'explique par la pluralité des effets qui en découlent. Ce n'est pas parce que tout le monde, ou presque, assiste à cette épreuve de vérité que chacun bouleverse ensuite ses propres dispositions. On peut distinguer trois effets qui ont la fâcheuse tendance de s'équilibrer.

L'effet renforcement. Les débats de second tour ont d'abord pour but ­et pour effet­ de réactiver les inclinations des électeurs. Chaque «télélecteur» regarde ces échanges avec ses propres lunettes. Ce duel dramatisé sert finalement à réactiver les inclinations latentes de chacun. L'électeur tombera généralement là où il penche une fois son poste de télévision éteint. Le jeu consiste alors pour le candidat de droite (ou de gauche) à émettre suffisamment de signaux pour que son propre camp se reconnaisse en lui, même et surtout si le vote de premier tour de l'électeur convoité ne s'est pas porté sur lui. On appelle parfois cela la chasse au report.

L'exercice dépend beaucoup de la configuration du premier tour. En