Poitiers, envoyé spécial, Avant ce triple crime, ils n'avaient commis que de petites embrouilles, des filouteries. Antonio M. P. et Raphaël B. traînent des enfances en lambeaux qui n'excuseront pas les trois assassinats pour lesquels ils comparaissent jusqu'à vendredi à Poitiers devant la cour d'assises de la Vienne.
Antonio M. P. a d'abord reconnu avoir accompagné Raphaël B. le jour du massacre dans une maison bourgeoise de Châtellerault, sans y avoir participé. Puis il s'est rétracté, niant en bloc, se réfugiant dans un mutisme buté, refusant même de sortir de sa cellule pour assister à son procès. Mais les empreintes génétiques du sang retrouvé sur des baskets lui ayant appartenu l'ont confondu. Seul dans le box, Raphaël B., lui, répond quelques bribes, baisse la tête quand on évoque son homosexualité, honteux d'avouer une prostitution alimentaire, contrainte par le seul besoin d'argent. Il n'est accusé que de deux meurtres sur trois, qu'il reconnaît.
Inspecteur de police judiciaire chargé de l'enquête, Jean Claude Magne témoigne à la barre. Il n'a que la version de Raphaël B. et le bloc de silence de Antonio M. P. pour étayer son scénario. Le premier a déjà été hébergé dans la maison de Châtellerault. Son propriétaire, Roger Lochet, ancien secrétaire particulier de Maurice et de Jean Rostand, qui était en voyage en Thaïlande le jour du crime, en avait interdit l'entrée à Raphaël qui l'avait menacé d'un couteau. Raphaël est revenu avec Antonio le 2 novembre 1993, pour y fai