Menu
Libération

Réclusions à perpétuité pour le triple meurtre de Châtellerault

Article réservé aux abonnés
Deux jeunes avaient sauvagement assassinés trois homosexuels.
publié le 22 mai 1995 à 4h51

Poitiers, envoyé spécial

La cour d'assises de la Vienne a condamné vendredi soir à la réclusion criminelle à perpétuité Antonio M. P., 20 ans, et Raphaël B., 21 ans, pour les meurtres de trois homosexuels perpétrés à Châtellerault le 2 novembre 1993. Les jurés ne leur ont pas infligé la peine incompressible de dix-huit ans, requise par l'avocat général.

Les deux condamnés ont, à l'évidence, des comptes à régler avec le milieu pédophile de protecteurs et de logeurs intéressés, dont ils ont été, dès leurs 15 ans, domestiques, employés, hommes à tout faire. Mais la boucherie exécutée de sang-froid, jusqu'à la fête qu'ils ont organisée le soir du triple crime de retour dans leur squatt parisien, laisse un dégoût glacé, perceptible au procès.

«C'est un univers glauque, abject, pervers, où les accusés ont été contraints, mais aussi où ils se sont complus, a affirmé l'avocat général Jean-Paul Contal lors de son réquisitoire. Je ne crois pas à l'explication mécanique de leur dérive. Les influences subies sont aussi choisies. Après les faits, aucune émotion, aucun regret. Au contraire, la version de Raphaël B., qui concorde avec l'enquête, les montre calmes, déterminés, pas du tout perturbés, assistant à l'agonie des victimes, puis faisant les poches des morts, essuyant le sang sur la rampe, ramassant leur butin.»

«La vie a fait de Raphaël B. une bombe à retardement. La première amorce, c'est l'abandon par sa mère, à 1 an. On le retrouve dehors, les membres gelés, plaide son défenseur, M