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Libération

Les Guignols: «Pas de polémique!»

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Chirac doit-il l'Elysée aux «Guignols de l'Info»? Les auteurs répondent.
publié le 19 juin 1995 à 5h28

«Il nous a manqué quinze jours pour faire élire Jospin. Et ça, on ne le rattrapera jamais.» C'est Benoît Delépine qui lance ça, mi-figue, mi-raisin. Delépine, un garçon qui vote à gauche, comme pas loin des deux tiers des auteurs des Guignols de l'info. «Arrête tes conneries, tu vois bien que ça ne fait pas marrer le journaliste», tempère Jean-François Halin. Le plus posé des trois, de leur avis même. Et Bruno Gassio, affalé dans son coin: «Quand je pense qu'on a fait élire Chirac et qu'on n'est même pas ministres. On s'est fait niquer!»

Même du fond du petit bureau de déconneurs institutionnels, au troisième étage porte à gauche de Canal +, la tierce comique a bien eu vent de la polémique. Tous ces acariâtres jospiniens (et, accessoirement, opiniâtres balladuriens) qui, au lendemain de la présidentielle, ont déclaré: «Je ne regarde plus les Guignols, ils ont fait élire Chirac.» Une rumeur qui a enflé lorsque les médias ont propagé le concept d'une jeunesse qui serait passée à droite d'un bloc sans qu'on s'en soit rendu compte. Si bien que certains ont résolu sans peine l'équation: «jeunes + Chirac président = influence pernicieuse des Guignols de l'info». Ces inconscients auraient rendu la marionnette du nouveau Président trop sympa.

Une querelle, en fait, qui n'ébouriffe que très moyennement les trois auteurs. «On a beaucoup plus flippé au moment de l'assassinat de... qu'est-ce que je raconte, moi? ... je veux dire du suicide de Bérégovoy», explique Jean-François Halin. La p