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Libération
Portrait

Lepage, ministre vert pâle

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Cette avocate ne goûte guère les déclarations fracassantes.
publié le 12 août 1995 à 7h30

Elle n'a pas de chance. A peine nommée à l'environnement, voilà qu'on lui annonce que les essais nucléaires reprennent. Et s'il n'y avait que ça... «L'environnement n'est pas un secteur facile en ces temps de grande contrainte économique», avoue-t-elle.

Corinne Lepage, qui se bat, ces jours-çi, avec le ministère des Finances pour conserver un budget décent, soupire. «Ce n'est pas propre à ce gouvernement, c'est la société tout entière qu'il faut sans arrêt convaincre.» Et convaincre, c'est son métier; jeune avocate, elle a choisi de se spécialiser dans le droit de l'environnement, à une époque où le sujet était loin d'être à la mode.

En gagnant en 1992, avec son associé Christian Huglo, le procès des Bretons mazoutés en 1976 contre la société américaine propriétaire de l'Amoco-Cadiz, Corinne Lepage a empoché le jack-pot. Et elle est devenue une vedette dans le monde de l'écologie. Mais il est dur de soutenir une réputation de Zorro vert à la tête du ministère de l'Environnement. D'autant qu'à peine entrée dans ses meubles de l'avenue de Ségur, le Président annonçait la reprise des essais nucléaires.

Allait-elle démissionner sur le champ? «Pourquoi l'aurais-je fait? Durant sa campagne, Jacques Chirac avait clairement annoncé la couleur. J'ai accepté d'être ministre, j'assume.» Bon. Mais elle a beau coller de près aux orientations définies par Chirac et Juppé, Corinne Lepage est tout de même responsable de l'environnement en France. A l'exception de son prédécesseur Michel Barnie