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Libération

A Vaulx-en-Velin: «Un cadavre, ça se respecte»

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Choquée par les images de l'intervention, la communauté maghrébine se replie sur elle-même.
publié le 2 octobre 1995 à 9h17

Les voitures brûlées, c'est pour le deuil. Ça fait de la fumée noire. On veut savoir ce qui s'est vraiment passé. Trop de questions n'ont pas de réponse tant que Karim Koussa qui sait tout sur l'histoire de Khaled Kelkal n'aura pas parlé.» Ils sont trois, ont l'âge des grands frères et l'assurance que donne «un travail normal». Les voitures brûlées dans la nuit, c'est pas leur affaire. Quand, vers 16h15, deux colonnes noires montent du Mas du Taureau, une place voisine, ils ne bronchent pas. Deux d'entre eux connaissaient bien Karim pour avoir avoir été, comme lui, «à Langevin-Wallon», l'école du quartier. Selon eux, Karim était encore dans le secteur au printemps. Depuis trois jours, sa mère pleure, «elle n'a même plus une parole pour les voisines».

«De l'exécution de Khaled, pas d'une simple mort», ils parleront quasiment d'une même voix. D'abord pour dire «un cadavre, ça se respecte. Même celui d'un animal. Ce qu'on a vu à la télé, c'est d'abord que Khaled a été abattu comme un sanglier. D'accord, il était armé, on l'a traité comme un terroriste, mais pourquoi montrer l'exécution?». Comme tous ceux, jeunes ou vieux, rencontrés hier à la Grappinière, leur quartier, ces trois jeunes refont avec dégoût le geste du militaire s'assurant de la mort de Khaled Kelkal. Pas un mot d'approbation ni même une référence aux motivations religieuses attribuées au groupe en cavale. Karim Koussa et Khaled Kelkal sont, pour eux, des «braqueurs, certainement manipulés puis largués, mais sûrem