C'est un Jacques Toubon extrêmement tendu qui nous a reçus pour détailler ses projets sur la justice. Prenant vite la mouche, le garde des Sceaux, plutôt bien accueilli à son arrivée, semble loin de la tranquille assurance qu'il affichait il y a deux mois.
N'avez-vous pas l'impression d'avoir usé d'un coup votre crédit auprès des magistrats dans l'affaire du SCPC (sur le loyer du fils Juppé, ndlr)?
J'ai dit ce que je pensais être mon devoir. Je l'ai même écrit. Cela suffit.
Vous aviez dit qu'il était inutile de modifier le statut du parquet, puisque vous n'interviendriez pas dans les affaires. Or là, vous êtes intervenu publiquement...
Il est trop facile de penser que je suis un homme politique et qu'à ce titre on peut dire sur moi tout et n'importe quoi. Et de l'autre côté considérer que je suis un ange dont les ailes sont coupées et qui n'a pas le droit de s'exprimer. Je me suis exprimé en réaction à un article du Canard enchaîné. Pour le reste, je ne suis pas intervenu sur le parquet saisi, ni de manière directe, ni de manière indirecte, pour demander qu'une procédure ne soit pas entreprise ou qu'elle soit classée. Mon comportement est plus légitime que celui de tous les ministres de la Justice précédents, qui se sont ingérés constamment dans les affaires. Il est de mon devoir de garde des Sceaux de dénoncer le dévoiement d'un service administratif à des fins politiciennes, quel qu'en soit le prix médiatique.
Etes-vous pour une réforme de l'antiterrorisme?
Je ne compte pas modifier l'organisation de la lutte antiterroriste. Il faut simplement que les meilleurs soient à leur place et disposent des moyens de travailler, un magistrat, deux greffiers de plus et 700.000 francs. Cela me paraît plus efficace qu'une réforme.
Vos projets en matière de détention provisoire?
Je vais présenter prochainement un texte pour diminuer la faculté de mettre ou de maintenir en détention provis