Il est 21h30, hier soir, quand l'Assemblée nationale vote la confiance au Premier ministre par 463 voix pour et 87 contre. Alain Juppé peut être satisfait. Après plusieurs semaines de cacophonie au sein de la majorité, le chef du gouvernement vient de rassembler les rangs autour de sa réforme de la protection sociale. «J'approuve l'essentiel des mesures annoncées», déclare d'emblée Édouard Balladur. Valéry Giscard d'Estaing vote «sans états d'âme» la confiance au Premier ministre. Même l'opposition est perplexe: Jean-Pierre Chevènement, président du Mouvement des citoyens, confie qu'il a «hésité» à s'abstenir.
Mercredi matin. Après une ultime réunion de l'essentiel de l'équipe gouvernementale, le Conseil des ministres autorise Alain Juppé à engager sa responsabilité devant le Parlement. Le président de la République, Jacques Chirac, invite son gouvernement «à résister aux oppositions conservatrices d'où qu'elles viennent». Alain Lamassoure, porte-parole du gouvernement, insiste: «C'est la première fois qu'on s'attaque véritablement aux structures et que le gouvernement se lance dans une réforme qu'aucun gouvernement précédent n'avait eu les moyens ou le courage d'entreprendre.» Rien, ou presque, ne filtre sur le contenu: comme pour le remaniement la semaine précédente, le Premier ministre souhaite que le secret soit gardé jusqu'au bout.
En début d'après-midi, les députés trompent l'attente avec ce qu'ils croient savoir de la réforme. Le report d'un an de la prestation d'autono