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Libération
Analyse

Carambolages sur fond de déception électorale

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Face à des revendications simples, le cafouillage du gouvernement a renforcé la détermination des grévistes.
publié le 1er décembre 1995 à 11h40

Cela ressemble à un carambolage en chaîne. Les voitures s'encastrent les unes dans les autres, la maréchaussée impuissante regarde du bord de la route. Depuis une semaine, les conflits s'encastrent les uns dans les autres. Le 15 novembre, Alain Juppé donne le coup d'envoi de la réforme de la Sécurité sociale. Depuis ce jour-là, les étudiants, les cheminots, les agents de la RATP, les postiers, les gaziers et les électriciens se sont donné rendez-vous dans la rue. Et le millésime du conflit 1995 est particulièrement corsé. Au plus fort de la grève de 1986, le 30 décembre, 104 trains quittaient la capitale sur les 290 prévus. Hier, sur 400 trains au programme, 9 trains devaient partir de la gare du Nord, pour Londres ou Bruxelles. A la RATP, il n'est plus question de faire le point ligne par ligne. L'ensemble du réseau est fermé, et le matin les grilles restent fermées.

Comment la machine en est-elle arrivée à un tel degré de grippage? Pour expliquer cette situation inédite, il faut empiler une bonne demi-douzaine de raisons. D'abord, il y a, sans aucun doute, la simplicité de la revendication: «pas touche à ma retraite après trente-sept années et demie de cotisation». Pas question de passer à quarante ans. En 1986, il s'agissait de revoir la grille des qualifications de la SNCF. Chaque catégorie avait alors son point de vue à défendre. Cette fois le mot d'ordre fédérateur a rapidement fait passer au second plan la grogne contre le contrat de plan Etat-SNCF.

En face d'une revend