A EDF, l'équilibre de la terreur
Ils ont les traits tirés, mais la mine plutôt réjouie: «Nous sommes parvenus à faire chuter la production électrique de 50%, du jamais vu!» Au premier étage d'un bâtiment de Pantin, siège de la Fédération nationale de l'énergie CGT, une petite équipe de militants tient le parc nucléaire français sous sa coupe. Ils se relaient depuis mardi soir 18 heures pour transmettre par téléphone leurs consignes aux équipes qui sont aux manettes des réacteurs. «Nous connaissons en permanence l'état de disponibilité des centrales, explique Jacques Olivier, le responsable du groupe, et nous modulons les baisses de charge de chaque réacteur tout en veillant à ne pas mettre en cause la sûreté des installations.»
Ils sont une dizaine, regroupés autour de quatre grandes tables. L'ambiance est calme, studieuse même. Les responsables du «PC bis» de l'atome civil remplissent soigneusement des bordereaux, recensant l'état du parc nucléaire. «Tous les gens ici sont des pros, rassure Michel Clerc, parlant au nom de la fédération. Ils peuvent discuter d'égal à égal avec les techniciens présents sur les sites. On n'est pas des irresponsables. On veut simplement démontrer que le personnel est propriétaire de son outil de travail.» A l'autre bout du fil, les opérateurs des réacteurs montent ou descendent les barres de contrôle des réacteurs pour moduler la puissance. «Une opération sans danger, c'est une manip courante», dit Jacques Olivier.
Dans la salle du comité de grève national, les téléphones sonnen