François Mitterrand est mort en homme libre. Ce fut l'obsession de sa vie: «Il n'est pas de force au monde (...) à l'égard de laquelle je ne sois tout à fait libre», aimait dire l'ancien chef de l'Etat, qui en tirait un immense orgueil. Il a voulu, de manière forcenée, opiniâtre et inlassable, toujours implacable et parfois cruelle, contre vents et marées, être l'auteur de sa vie. Et il y sera parvenu, imposant même, au prix de terribles efforts, un calendrier à la maladie qui le rongeait.
C'est sans doute ce qui explique l'exceptionnelle fascination et la toute aussi exceptionnelle irritation, quand ce n'était pas de la répulsion, qu'il aura inspirées pendant plus d'un demi-siècle. François Mitterrand, qui se rêvait écrivain, aura écrit un véritable best-seller national: sa carrière politique. Cette volonté, c'est d'abord la marque indélébile de l'ancien chef de l'Etat. Il fut celui qui croyait à la politique au milieu de ceux qui n'y croyaient plus ou qui croyaient à autre chose.
François Mitterrand, comme tous les Français, avait la passion des «grands hommes». Tous les peuples ont leurs grands hommes, mais, à la différence de la plupart des nations, le grand homme est en France l'objet d'une religion nationale. La France est le seul pays à disposer d'un Panthéon: c'est d'ailleurs par là que François Mitterrand a voulu commencer son premier septennat, avant même de pénétrer à l'Elysée.
Ce qui distingue un «grand homme» des politiques de premier plan, c'est qu'il règ