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Archive 9 janvier 96

François Mitterrand, une vie de pouvoir (2/3)

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Mû par une constante ambition, Mitterrand, né dans une famille bourgeoise et conservatrice, franchit à grandes enjambées les étapes qui le mèneront à la présidence. Ascension que n’enrayèrent pas des débuts en eaux troubles. Texte paru dans «Libération» le 9 janvier 1996.
Pierre Mendès France (à gauche) président du Conseil et François Mitterrand ministre de l'Intérieur à Melun (Seine-et-Marne), le 22 janvier 1955, pendant les inondations. (AFP)
publié le 9 janvier 1996 à 0h09
(mis à jour le 9 janvier 1996 à 0h09)

1954-58. De Mendès à Mollet

Mitterrand aimait faire remarquer que la plupart des gouvernements de la IVe République auxquels il a participé comprenaient des socialistes. Le cabinet orienté à droite de Joseph Laniel, où il entre le 26 juin 1953, constitue l’une des deux exceptions qui confirment la règle. Mitterrand n’y fait au demeurant pas de vieux os. Dès le 4 septembre, il en démissionne pour protester contre la déposition du sultan du Maroc Mohammed V. Un acte qui accentue sa réputation sulfureuse dans les milieux ultracolonialistes.

Mitterrand participera à un autre gouvernement sans les socialistes, autrement plus prestigieux, celui de Pierre Mendès-France, de juin 1954 à février 1955. C’est même lui qui aide le piètre politicien PMF à constituer son cabinet et à se ménager des appuis parlementaires. Mitterrand est à l’époque fasciné par Mendès. «C’est la seule fois où François Mitterrand a montré un complexe révérenciel pour un homme», dira son ami Georges Beauchamp (6). L’attraction des contraires a pu jouer entre deux personnages aussi dissemblables que Mitterrand et Mendès-France. Le patron de l’UDSR a aussi vu chez celui-ci une chance exceptionnelle de faire émerger un nouveau rassemblement centriste. «La vieille division droite-gauche est emportée par le grand vent de l’histoire», se réjouit-il, le 1er novembre 1954, dans Combat.

Mitterrand est ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Mendès. A ce titre, il est en charge de l’Algérie au moment où elle bascule dans les