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Libération
Archive 9 janvier 96

François Mitterrand, une vie de pouvoir (3/3)

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Mû par une constante ambition, Mitterrand, né dans une famille bourgeoise et conservatrice, franchit à grandes enjambées les étapes qui le mèneront à la présidence. Ascension que n’enrayèrent pas des débuts en eaux troubles. Texte paru dans «Libération» le 9 janvier 1996.
Les Mitterrand, le soir du 10 mai 1981, à Chateau-Chinon (Jean-Claude Delmas/AFP)
publié le 9 janvier 1996 à 0h09

1974. Presque Président

La mort de Georges Pompidou, en avril 1974, force Mitterrand à se lancer dans la compétition présidentielle plus tôt qu’il ne l’aurait souhaité. Le PS est un peu vert et l’Union de la gauche, une nouveauté qui inquiète encore. Mitterrand joue néanmoins au présidentiable avec une indéniable maestria. Sa candidature est soutenue par tous les partis de gauche sans qu’il s’abaisse à la moindre négociation. Ses slogans sont vigoureux : «Le but de la droite, garder le pouvoir ; mon projet, vous le rendre.» Mais Mitterrand prend déjà ses distances avec le maximalisme d’Epinay comme avec la lettre du programme commun. Concocté par de nouveaux experts, comme Jacques Attali et Michel Rocard, du haut de la tour Montparnasse, son programme exhale un parfum délicatement réformiste.

Candidat déçu

Le changement sans le risque s’appelle cependant Valéry Giscard d’Estaing. Qui plus est, le candidat de la droite maîtrise bien mieux la télévision que celui de la gauche. Dans leur fameux duel télévisé, Giscard estomaque Mitterrand en contestant une statistique économique pourtant laborieusement mémorisée par le leader socialiste… sur la base d’une fiche blanche ! (3) Mitterrand est devancé d’un cheveu par Giscard (50,7 % des suffrages exprimés au second tour). Ayant fini par croire à sa victoire, le chef du PS est déçu. Mais sa défaite résonne comme la promesse d’un prochain succès. «Parce que vous représentez le monde de la jeunesse et du travail, votre victoire est inéluctable», professe-t-il