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Libération
TRIBUNE

Le deuxième époux de la France

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publié le 11 janvier 1996 à 0h29

Le destin de François Mitterrand ne s'est pas achevé quand il a transmis les pouvoirs présidentiels à Jacques Chirac, même après qu'il se fut retiré du monde politique dans une retraite silencieuse. Il ne s'est même pas achevé le 8 janvier à huit heures et demie du matin, dans une retombée définitive dans le sommeil. Il trouve une nouvelle étape dans l'impressionnante émotion suscitée par cette mort en France, en Europe, dans le monde, et cette émotion révèle en Mitterrand la stature, jusqu'alors à peine visible, du dernier des Titans de la politique ayant participé à la période épique, aujourd'hui révolue, marquée par le stalinisme, le nazisme, la guerre mondiale et la guerre froide. Cette mort de héros a suscité comme un gigantesque hymne funèbre chanté par les grands de la Terre et tant de petites gens, tandis que le discours télévisé de Chirac panthéonisait son prédécesseur.

Ainsi, sans nul purgatoire, cette mort catapulte Mitterrand dans l'Histoire de France, mais il n'y a pas encore trouvé sa place singulière. Sa vie posthume ne fait que commencer, et pendant longtemps se poursuivront les controverses pour situer cette place et mesurer la taille de sa statue...

Mais, bien qu'entré dans le passé historique, Mitterrand demeure énigmatique tant grande demeure la difficulté d'identifier la personne et de situer la politique.

Sa personnalité comportait tant de secrets profonds et de faces diverses, parfois contradictoires, que les premiers commentateurs posthumes