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Libération
Critique

L'hagiographe des reality shows

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Dominique Mehl, sociologue, réhabilite Pradel et Dumas.
publié le 17 janvier 1996 à 23h50

Voici un petit livre fort documenté, issu d'une recherche financée par le CNRS, qui ravira d'aise Mireille Dumas et Jacques Pradel. On les y prend fort au sérieux; on ne les y absout pas seulement, on les porte carrément au pinacle. Pauvres tares que nous sommes, nous nous moquions de ces gens dans nos colonnes, mais nous avions tort. Nous ne nous étions pas rendu compte que leurs émissions respectives ­ Bas les masques ou feu l'Amour en danger­ , loin d'être obscènes, racoleuses ou tout simplement confites dans la dialectique exhibitionnisme/ voyeurisme, jouaient un rôle, pour reprendre l'expression de Jean-Pierre Albert, de «communication palliative dans un contexte de communication relationnelle rationnée». C'est à se demander ce qu'on a dans le citron. On ferait mieux de lire des livres plutôt que de regarder des reality shows, pour ensuite bêtement les critiquer.

Heureusement, vint Dominique Mehl. Cette sociologue regarda des centaines d'émissions du genre, fit de longs entretiens avec des témoins de Bas les masques, de Mea Culpa ou de l'Amour en danger, pour savoir quelles avaient été leurs motivations, leurs réactions puis celles de leurs proches, après l'émission; elle se rendit sur les tournages, discuta avec les animateurs, pour arriver enfin à cette conclusion certaine: ces émissions ne sont pas «une pure fantaisie née du cerveau de saltimbanque en mal d'images sensationnelles», mais elles renvoient à des «questions de fond». Nous n'avions rien compris.

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